C'est dans un couvent désaffecté des pères Rédemptoristes à Riedisheim que toute l'aventure a commencé, l'hiver, dans les toutes dernières semaines de l’année 2012.
L'hiver était rude et à Mulhouse des familles entières se trouvaient à la rue.
Le collectif "Urgence-Welcome" s'est alors créé, rassemblant des organisations et des personnes qui ne pouvaient pas accepter que la société laisse des familles, des enfants, des jeunes dans ces conditions de précarité et de vulnérabilité.
Le collectif a organisé un hébergement dans un couvent prêté par les rédemptoristes et 25 personnes, soit 5 familles et plusieurs individuels ont pu en bénéficier de janvier à juin 2013.
Une solidarité fantastique s'est mise en place autour du couvent : plus de 80 bénévoles ont assuré permanences et accompagnement, les meubles ont été offerts par Emmaüs, les aménagements par ACCES, le pain a été gracieusement fourni par la Boulangerie Jeanne d'Arc, la nourriture par la Banque Alimentaire et des couettes par l’hôtel Mercure ! Une stagiaire de l’ISSM est venue régulièrement s’occuper des enfants en dehors des heures de classe. Des liens se sont créés entre les bénévoles et les personnes hébergées, et le groupe qui coordonnait l’opération s’est soudé au cours de ces six mois, qui ont été une expérience enthousiasmante
En même temps les dons destinés à financer le chauffage, l’eau et l’électricité affluaient, dépassant même les besoins.
L’été arrivé, il a fallu vider le couvent, destiné à être vendu. Mais comment remettre à la rue les personnes hébergées ?
Nous avons donc décidé de créer une association, Cent pour Un Hébergement, en nous appuyant dans un premier temps sur l’excédent de dons reçus pour le fonctionnement du couvent, et en lançant de nouveaux appels à dons, pour pouvoir durer un ou deux ans, pensions-nous. L’idée était de louer cinq petits appartements pour les familles et un studio pour deux jeunes hommes, auprès de bailleurs privés, sans négliger bien sûr leur accompagnement : chaque famille devait être suivie par un référent.
Ce qui fut fait. Nous avons été étonnés et ravis par la générosité des donateurs. Comme les dons couvraient plus que les besoins, et que nous n’avions pas dû entamer notre réserve, nous nous sommes enhardis, et nous avons accepté d’accueillir quelques nouvelles personnes. Il faut dire que la situation ne s’était pas améliorée, et que de nouvelles détresses se manifestaient sans cesse. Comment y rester insensibles ? Si bien qu’à la rentrée de septembre 2013, les familles étaient déjà au nombre de 10. Un an plus tard, il y en avait une vingtaine, 23 à la rentrée 2015, 25 en septembre 2016, 33 à la fin de 2017. Cependant, 12 familles étaient sorties du dispositif au cours de ces années, ayant obtenu le droit au séjour et étant devenues autonomes.
Cette croissance rapide nous a mis en difficulté, d’abord pour l’accompagnement des familles (comment trouver 33 référents ?), ensuite pour le financement, qui a commencé à poser problème au courant de 2017. L’élan qui nous avait permis de tenir et de financer toujours plus d’appartements retombait, les donateurs se faisaient moins nombreux. Ainsi, nous avons été amenés à réduire un peu le nombre de logements, et les sortants n'ont plus été remplacés. La situation s’est assainie au cours des deux années suivantes, mais avec la crise du COVID, elle est redevenue critique, et nous avons pu craindre de devoir résilier les baux d’une partie des appartements et de remettre des familles à la rue. Un «tournant de la rigueur » et des appels au secours nous ont permis d’éviter le pire, et nous avons modifié notre mode de fonctionnement, en privilégiant les aides partielles à la prise en charge complète de familles - à moins d'être assurés du financement par un réseau de donateurs solide et fiable.
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